Rapport « Queen Omega » extrait du magazine « Reggae and African Beat »
Dec. 1985 – Traduit par sister Lenah

L’UNE DES ORIGINES DU NYAHBINGHI / UNE REINE AFRICAINE

Le culte de Nyahbinghi dans le sud de l’Ouganda et dans le nord du Rwanda fut inspiré par une femme célèbre qui marque l’histoire. Le culte était l’un des nombreux cultes de possesion que l’on trouvait en Afrique et qui célébrait des héros légendaires appelés « emandwas » .
Alors que dans les autres cultes, l’emandwa pouvait être appelé par n’importe quel membre initié, l’accès à l’esprit de la Reine Nyahbinghi était limité aux « bagirwa » (ceux qui initient) qui prétendait avoir été selectionnés par elle comme ses médiums et ainsi avoir le pouvoir exclusif d’invoquer sa présence et d’interpreter sa volonté. Les bagirwas étaient principalement du sexe féminin.
Les bagirwas revendiquaient le pouvoir d’invoquer les forces surnaturelles pour punir ceux qui avaient irrité son esprit ou failli à accueillir ses requêtes. Après avoir fait démonstration de ce pouvoir, la simple menace de l’exercer suffisait pour obtenir obéissance. Pour devenir un disciple de Nyahbinghi, l’avis d’un devin était exigé. Le but en était la protection contre les mésaventures de la vie.Des offrandes étaient généralement faites prêtres et prêtresses de Nyahbinghi qui faisaient étalage d’une conduite royale, tels des dirigeants, entretenant une cour avec de nombreux sujets arborants des insignes royaux comme les tambours. Beaucoup portaient des voiles et ne pouvaient être vus par les gens ordinaires.

Le culte n’avait pas de rites initiatiques ou communautaires. Il rassemblait diverses tribus d’Afrique contre la loi européenne et était unique à cause de sa résistance efficace contre la loi coloniale, utilisant des croyances africaines traditionnelles pour paralyser l’administration coloniale. Le fait qu’un culte traditionnel de possession sans idéologie significative ait pu mener une action aussi tenace et efficace d’opposition à la loi étrangère assure au culte de Nyahbinghi une position bien distincte dans l’histoire de l’Afrique. En dépit de l’apparement puissant provincialisme de ses buts et méthodes, le culte de Nyahbinghi réussit à immobiliser les efforts administratifs de trois pouvoirs coloniaux pendant presque deux décennies, jusqu’à sa suppression en 1928.

Le nom de Nyahbinghi signifie : « celle qui possède beaucoup de choses ». Le culte fut déclaré hors la loi par tous les pouvoirs coloniaux sous peine de prison, de coups et de ridicule. Des adeptes du culte étaient souvent assassinés. Toutefois, lorsque mourait une personne possedée par l’esprit de Nyahbinghi, cet esprit la quittait et allait posseder quelqu’un d’autre, ce qui rendait la destruction du culte impossible.

La Reine Njavingi (Navingi) semble avoir été la femme après laquelle fut nommé le Nyahbinghi. La Reine Kitami et la Reine Muhumusa furent les deux premières femmes leaders à propager le culte de Nyahbinghi après la mort de la Reine Nyahbinghi dans des corconstances tragiques. Toutefois, certains historiens ont le sentiment que le nom de la Reine Kitami était juste un titre alternatif pour Nyahbinghi et que c’était elle – la Reine Njavingi. La Reine Kitami était une « Reine Amazone » dont le tambour royal fut volé par un homme nommé Kamurarai et qui contrôla avec celui-ci son pays de Mpororo. Après sa mort, on dit qu’elle devint immortelle et qu’elle continue à envoyer des ordres par l’intermédiaire de ses bagirwas, les pressant de reprendre le contrôle de leur patrie sur les dirigeants étrangers.

Après avoir été supprimé en 1928, le culte refit surface dans les années trente, au moment où la menace de Mussolini pesait sur l’Ethiopie. Il s’étendit rapidement de l’Ethiopie jusqu’au quatre coins de l’Afrique et aux Etats-Unis. Le Congo fut l’une de ses principales places fortes et de nombreuses attaques furent lancées contre les colons. La Reine Muhumusa fut considérée comme la plus féroce anti-colonialiste des leaders Nyahbinghi.

Sous son commandement, le Nyahbinghi fit un effort déterminé pour chasser les colons hors des rivages africains. Elle se proclama elle même Reine de Ndorwa et libératrice de la domination Européenne et déclencha une guerre contre l’occupation européenne sur ses terres. Le culte fut finalement mis sous contrôle en l’emprisonnant et en amadouant les africains avec des méthodes pacificatrices telles une amélioration de l’instruction, la diffusion de cultes de possession rivaux et de meilleurs emplois et opportunités.

Le 7 décembre 1935, le « Jamaica Times » réimprima un article sous le titre de : »Une société secrète pour détruire les blancs », traitant du culte Nyahbinghi en Afrique. L’article déclarait que le Nyahbinghi avait organisé une conférence à Moscou et que l’Empereur Haïlé Sélassié avait été officiellement désigné comme le chef du Nyahbinghi. Il rapportait que ses paroles, au moment d’accepter ce poste, furent : « la mort pour les enemis de la race africaine ». A la suite de cet article, le Nyahbinghi commença par se propager en Jamaïque et le sens du Nyahbinghi fut traduit en fonction des paroles de l4empereur et par le fait que l’article disait que le mot signifiait : »mort aux colons ».

Le Nyahbinghi démarra dans l’île comme une manière de vivre théocratique, non-violente mais active, avec l’idée du contrôle du Bien sur le Mal. C’était une réponse à l’appel du Nyahbinghi en Afrique pour une évolution du celui-ci dans la vie de tous les jours afin qu’il puisse résister aux fusils des colons par la puissance spirituelle et l’assurance de la victoire du Bien sur le Mal. L’histoire de la Reine Nyahbinghi et de ses femmes-guerrières qui avaient été les premières à propager ce culte fut perdue, car celle-ci n’était pas mentionnée dans l’article du « Jamaican Times ». En Afrique, le culte continua à poser des problèmes aux colons, d’une manière plus secrète qu’auparavant et ceci jusqu’aux années cinquante

À PROPOS

Bonjour et bienvenue à tous les passionnés des tambours Akete Nyabinghi.

Je vis en France et construit des percussions keteh, repeater, fundeh, bassdrum depuis 2005.

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